Gérard de Suresnes de son vrai nom Gérard René Julien Cousin (né le 17 juin 1961 à Puteaux et décédé le 10 mai 2005 à Montluçon), est un animateur de radio français. De 1997 à 2002 , il anime sur Fun Radio une émission de radio libre Les Débats de Gérard qui connaît un succès notable par son esprit décalé, sa liberté de ton et la personnalité atypique de Gérard, mélange comique d’esprit franchouillard, de rustrerie et d’inculture.
Origines, études et famille
Gérard Cousin naît le 17 juin 1961 à Puteaux dans les Hauts-de-Seine de parents inconnus. Il est recueilli par la DDASS et placé jusqu’à sa majorité dans différentes familles d’accueil. De son passé scolaire, Gérard n’en garde pas de bons souvenirs : « On me mettait au fond d’une classe, c’est tout », confie-t-il. Élève médiocre, il n’a qu’un rêve : conduire un camion. Même s’il déteste aborder sa vie privée, on sait qu’il arrête l’école très tôt après avoir été orienté dans une filière technique qui ne l’intéresse pas. Après son service militaire et quelques expériences professionnelles en manutention, il suit une formation pour devenir chauffeur-routier. À 28 ans, il rencontre Éliane, son premier grand amour, avec qui il se marie. De cette union nait une fille prénommée Roseline.
Le 5 janvier 1993, trois ans après ses débuts de chauffeur-routier, Gérard est victime, au volant de son 19 tonnes, d’un accident de la route causé par une plaque de verglas sur une route départementale. Après avoir perdu le contrôle de son camion, il est à son tour percuté par un semi-remorque. Grièvement blessé, il reste hospitalisé plusieurs mois et doit se faire poser une broche à la jambe droite.
À la suite de son accident, Gérard ne peut plus conduire de poids-lourds et se voit interdit d’exercer de nombreux métiers manuels où il faut porter des charges ou monter sur des échafaudages. Il se fait licencier par son employeur. Handicapé, sans diplôme en poche, il peine à trouver du boulot, fréquente les bistrots du quartier et sombre peu à peu dans l’alcool.
Sa femme finit par le quitter et part s’installer à Lyon avec leur petite fille. Elle obtient le divorce. Gérard saisit le tribunal pour obtenir le droit de visite de sa fille, mais celui-ci le lui est refusé.
Livré à lui-même, souffrant de cette rupture sentimentale et de l’absence de sa fille, Gérard s’enfonce dans la marginalité. Il vit un temps dans la rue avant de pouvoir obtenir un logement social à Suresnes, dans le département des Hauts-de-Seine, au sein de la Cité Carnot, où il vit tant bien que mal de ses indemnités de santé et des aides sociales.
Ses débuts à la radio (1996)
En proie à l’oisiveté, souffrant de solitude affective, Gérard se lance dans l’écriture de poèmes.
Auditeur assidu des émissions de radio nocturnes, notamment les libres antennes de Fun Radio, il décide un soir d’appeler l’animateur Max, depuis la cabine téléphonique de sa cité pour réciter quelques poèmes.
Lors de ses passages à l’antenne, Gérard livre des poèmes, aux titres aussi évocateurs que Mon papillon, Mon crouton ou encore Ma bibi, regroupés sous le terme générique des Poèmes de Gérard, grâce auxquels il acquiert une certaine notoriété.
Max cerne le côté comique du personnage et décide de l’inviter dans les studios de Fun Radio. La rencontre a eu lieu le 16 octobre 1996 à 3h15 du matin dans une ambiance survoltée.
La notoriété radiophonique (1997-2002)
Fin 1996, Max lui offre sa propre émission de radio libre hebdomadaire : les Débats de Gérard. Les thèmes développés sont variés, parfois loufoques : débat sur les slips jaunes, les ascenseurs et les aspirateurs ; ou traitant de l’actualité, comme le décès de Lady Di ou le débat relatif aux catastrophes naturelles. Les débats abordent aussi des sujets de société, comme la prostitution, la politique, le chômage, les grèves. Les thèmes chers à Gérard sont récurrents, en particuliers les routiers. Gérard est officiellement l’animateur en chef, mais en simple qualité d’assistant d’antenne. De facto, le déroulement des Débats de Gérard est assuré par l’équipe de Max.
Les prétextes pour tourner Gérard en dérision, le pousser dans ses retranchements, « faire gueuler le moustachu » sont nombreux : son passé routier, son français approximatif, son manque d’hygiène, ses conquêtes amoureuses, son penchant pour l’alcool… L’équipe se structure rapidement autour de la « Dream Tize », un trio composé de Reego, de Manu et de Phildar. Ayant acquis rapidement une certaine maîtrise dans l’art du sabotage de débat (diffusion de double-sons, reprise des auditeurs habituels sous d’autres noms, faux titres de chansons), ils provoquent l’énervement de Gérard que Reego tente de canalyser en le faisant réagir sur des questions d’internautes de l’IRC.
En s’adressant à Gérard, Tony, l’un des « habituels » les plus célèbres, a su résumer en une simple phrase le principe des Débats : « Toi tu poses des questions débiles et nous on essaie d’y répondre encore plus débilement ». C’est d’ailleurs sur cette maîtrise du second degré et de l’absurde lors des débats que s’est fait naturellement et assez rapidement l’écrémage des intervenants et la sélection des habituels.
Lors de ses débuts radiophoniques, Gérard est alors en couple avec une femme obèse prénommée Christine. Leur brève histoire (4 mois) marque à jamais les esprits le jour où l’ex de Gérard se laisse aller à la confidence à l’antenne en dévoilant certains détails croustillants sur l’intimité de Gérard, notamment son goût prononcé pour les cotons-tiges.
Le 1er janvier 1998, Gérard fait la connaissance de Sandy Threadkell, une jeune auditrice de province (âgée alors de 27 ans) et rencontrée par le biais du courrier. Retrouvant une seconde jeunesse, Gérard se remet à la recherche d’un travail, après de longues années de chômage. De son côté, Sandy s’occupe de garder des enfants comme nourrice agréée.
Du fait de moyens limités, un premier projet de mariage avorte courant 1998. Le couple parvient tout de même à s’acheter pour quelques centaines de francs une Renault 14 d’occasion, faisant l’objet de fréquentes moqueries de la part des auditeurs. Mais les dettes s’accumulent et le couple finit par se faire expulser de l’appartement de Suresnes. Après plusieurs séjours dans des hôtels de fortune, ils obtiennent des services sociaux une place d’hébergement au foyer Sonacotra de Nanterre.
Leur relation donne l’envie à Max de faire une rubrique où Sandy interviendrait aux côtés de son homme. Il invente Les Conseils de Gérard et Sandy, diffusée le dimanche soir dans son émission et censée apporter aux auditeurs appelant le standard des réponses pertinentes à leurs problèmes personnels. Ces auditeurs sont en fait les habituels des débats, les supposés problèmes sont en réalité totalement bidons.
Sur le plan affectif, l’année 2000 marque un tournant. Le couple commence à battre de l’aile : Sandy sort avec Henri, le meilleur ami de Gérard qui finit par l’apprendre. Quelques mois plus tard, Sandy reconnait son infidélité à l’antenne en présence de Gérard qui aurait préféré que ça ne soit pas dévoilé.
En février 2001, ne supportant plus d’être harcelé dans sa vie privée et excédé par l’attitude fumiste de l’équipe durant les débats, Gérard arrête brusquement ses interventions sur l’antenne sans la moindre explication. Pendant plusieurs mois, il ne donne plus aucune nouvelle. Il fait une réapparition au mois de juin 2001 à l’occasion de son quarantième anniversaire.
À la suite d’un accident de voiture le 14 juillet 2001, dû à l’état d’ébriété de Gérard, le couple se sépare. Sandy lui reproche notamment de s’être servi de sa carte bancaire à son insu pendant son hospitalisation. Elle quitte Gérard pour un certain François et emporte avec elle des effets personnels de Gérard (ses CD, une grande partie de sa collection de T-shirts) qu’elle ne lui rendra jamais.
Après une longue absence, Gérard fait son retour à l’antenne le 4 février 2002 à la grande joie de Max. Les débats redémarrent avec une équipe renouvelée, à l’exception de Manu seul « rescapé » de la Dream Tize. Les habituels reprennent du service. Mais la reprise ne sera que de courte durée, la fin définitive intervenant quelques mois plus tard en plein milieu d’un débat.
L’éviction de l’antenne
Le 30 octobre 2002, pendant le débat sur le bizutage, Gérard dit en riant « Aïe Hitler ! » à la stupéfaction des membres de l’équipe technique qui était alors hilare. Suite à un quiproquo, le jeu de mots est interprété comme un salut hitlérien (« Heil Hitler ! »). D’après la version de Gérard, lors de ce débat, il s’était cogné le genou sur la table de la radio, d’où le jeu de mot : « Aïe Hitler ». Ceci est confirmé sur l’enregistrement de l’émission par un silence à l’antenne, quelques secondes avant l’incident, et le rire général de l’équipe car Gérard se fait mal en essayant de se lever de sa chaise. L’équipe réprimande Gérard, puis le réalisateur et le producteur l’enjoignent à s’excuser, ce qu’il fait dans la seconde « Oui je m’excuse auprès des auditeurs de ce que je viens de dire, voilà je retire ma parole. », à quoi il ajoute « à bon entendeur salut, pour celui qui n’a pas compris ce que cela voulait dire ». Considérant l’incident clos, il s’apprête à poursuivre le débat mais Manu, le réalisateur, coupe l’émission à l’instant même, alors qu’un autre débat devait se dérouler et que celui en cours touchait à sa fin.
La sanction est immédiate et sans appel, l’animateur est définitivement évincé de Fun Radio et Max ne parlera plus jamais de Gérard à l’antenne, à l’exception d’un rapide hommage au lendemain de son décès. Un mauvais jeu de mots qui marque la fin brutale et tragique des Débats de Gérard.
Dernières années et décès (2003-2005)
Sans emploi ni perspective de reconversion, Gérard décide de quitter la banlieue parisienne pour tenter d’oublier cet épisode douloureux. Il part s’installer à Montluçon dans l’Allier en juillet 2003. Mais isolé, il ne parvient pas à tourner la page. Le 10 mai 2005, il s’éteint au centre hospitalier de Montluçon, emporté par un cancer des poumons diagnostiqué seulement un mois auparavant. Désargenté et sans famille connue au moment de son décès, son corps repose aujourd’hui dans un terrain commun du cimetière de Désertines, dans la banlieue de Montluçon. Un groupe de ses anciens auditeurs et fans, apprenant la nouvelle, se cotise cependant pour lui payer une plaque commémorative.